contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Docteur ElpidaChef de la Famille
Jeu 5 Déc - 21:20
I'm a terrible person, but i have good reason



C'était la première fois qu'il faisait ça. Voilà même pas une semaine qu'il était en "rémission", qu'il pensait à autre chose lorsque son psychothérapeute lui parlait, et l'ennui avait pris le contrôle de ses pulsions, les rendant, comme sont censées l'être les pulsions, inexplicables.
Bien qu'elle soit d'une propreté irréprochable, Donatien avait fait venir l'homme à la tête verte qui lui servait d'agent d'entretien pour nettoyer sa chambre. Et pour une fois, il était resté avec lui pendant la séance de ménage, lui indiquant quel coin frotter, dans quel ordre astiquer, le temps qu'il devait passer à nettoyer une tâche qui n'existait pas.
Et lorsque l'agent d'entretien était parti, Donatien avait envoyé deux gardes chercher ses deux patientes. Interdiction de leur parler, de les toucher, de les respirer. Déjà que d'autres avaient le luxe de les contempler au quotidien, et l'un d'entre eux était le salaud qui l'avait contraint à cette situation cauchemardesque ; il était hors de question d'ajouter encore des regards lubriques et malsains. Une seule phrase était autorisée :" Monsieur Elpida désire vous voir". Si elles refusaient de suivre, ne pas employer la force. Il fallait contacter Donatien. Mais ce dernier avait une foi débordante envers ses deux patientes, et peut-être était-ce naïf, mais il n'y avait que ça pour le faire tenir. La confiance qu'il accordait à deux êtres humains.

Le lit King Size au centre de la chambre avait ses draps si lisses, si bordés, qu'on aurait pu glisser dessus. Le peu de meubles et de décorations témoignaient de l'absence de créativité de l'habitant. Tout était anesthésié, il semblait manquer de tout. Rien de personnel, pas une photo pour trahir une relation, pas un souvenir. A croire que Donatien venait d'arriver sur cette planète et qu'il n'avait pas encore commencé à vivre.

Pour la première fois depuis une semaine, il ressentait enfin quelque chose. Il avait vécu ces sept derniers jours robotisé. Il n'avait rien ressenti, pas même de la haine. Il n'y avait pas de place dans son coeur pour une quelconque émotion. Mais là, à cet instant précis, son corps témoignait enfin d'un ressenti. Les mains moites, le coeur qui s'élance dans une course contre lui-même, une goutte de sueur qui entame une descente le long de sa nuque. Il était stressé.

Il tournait le dos à la porte, ne voulant prévoir la première qui viendrait. C'était la première fois que quelqu'un pénétrait son antre, que quelqu'un ferait un pas dans ce lieu si intime. Jamais on n'avait vu le matelas qui avait accueilli ses insomnies, les murs qui avaient entendu des mauvais rêves, le sol qui avait été foulé par des pieds constamment nus. Pourquoi faisait-il cela ? Pourquoi ? Tendait-il le bâton pour se faire battre ? Seraient-elles comme Ange : des traîtresses ?

Théâtral, face à la fenêtre, les mains dans le dos, il attendait un premier mot, un premier souffle ... Le premier moment qui lui ferait regretter sa décision.

Docteur Elpida
Image : I'm a terrible person, but i have good reason (ft. Edelweiss et Myosotis) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Sam 14 Déc - 12:28

Nébuleux

Béatrice n'était pas là lorsque c'était arrivé, mais elle n'avait pas besoin d'en avoir été témoin pour connaitre chaque détail des évènements. Ces derniers s'étaient répandus comme une trainée de poudre, entre rumeur et anecdote, entre horreur et ébahissament. Evidemment, certains noms revenaient plus que d'autres : le Docteur Graham et sa colère, le Docteur Barrabil et son sang-froid, la patiente Amalia et sa sentence...

...Et le Docteur Elpida et sa folie.

On avait pourtant tenté de mettre Béatrice en garde, avec la Cannibale en ligne de front, mais Béa n'était pas du genre à se laisser influencer. Cela ne la rendait pas niaise pour autant : naïve, peut-être, mais pas niaise. Elle savait que le Docteur Elpida n'était pas un enfant de chœur, mais il ne s'était jamais comporté avec elle comme le monstre dément sous les traits duquel il était décrit.  Ils le disaient cruel, mauvais et obstiné, elle l'avait vu attentionné, prévenant et résolu. Il n'avait jamais tenté de lui faire du mal - peut-être n'en avait-il pas eu le temps ? Il n'avait jamais semblé dément - mais qui l'était réellement ?

Le plus doux des corniauds, une fois poussé à bout, n'a plus rien à envier au plus tenace des molosses. Peut-être le Docteur Elpida avait-il marché sur une corde raide invisible aux yeux de ses pairs, et de laquelle il avait fini par tomber.

Béatrice n'aimait pas juger sans preuve. Les détails des évènements étaient certes sinistres et accablants, mais Béa n'était pas là ce jour-là, elle ne pouvait pas se contenter d'observer le rideau fermé et de songer "Quelle horrible spectacle". Elle ne pouvait pas non plus excuser le comportement de son ancien médecin à l'égard de cette patiente, Amalia, mais elle pouvait essayer de le comprendre.

Qu'avait-elle à y perdre, après tout ?

Son nouveau médecin, le Docteur Aguila, lui avait affirmé que le Docteur Elpida allait la convoquer. "N'y va pas, même sous la contrainte, tu n'es plus sa patiente et tu ne lui dois rien" lui avait-il admonesté avec un regard d'avertissement. Ces paroles n'étaient pas plus inquiétantes que la petite poupée vaudou d'elle-même que lui avait ensuite confié le médecin, à partir de ses propres cheveux - le Docteur Aguila avait l'air très satisfait son fétiche "purement thérapeutique". Un peu trop satisfait, d'ailleurs.

Pour lui faire plaisir, Béa l'avait gardé sur elle, mais cela ne l'avait pas empêché de suivre le garde qui était venu la chercher à sa porte. Il lui avait à peine adressé la parole, il semblait ne pas oser la regarder. Tant mieux : cela permettait à la jeune nordique de se laisser aller à ses pensées, plus droite sur sa canne qu'elle ne l'était d'ordinaire. Ses yeux brumeux laissaient transparaître le contraste d'émotions qui l'agitait : un mélange de doute, de désapprobation, de consternation, et d'espoir.

Elle fut guidée jusqu'au Bâtiment, et malgré les réminiscences de son arrivée à l'Institut que cela réveilla chez elle, elle ne fut pas amenée au bureau du Directeur cette fois-là : elle monta tout en haut du Bâtiment, jusqu'à une porte lisse à laquelle le garde frappa avant d'ouvrir pour laisser entrer la jeune fille. Cette dernière respira profondément pour rétablir son ordinaire calme olympien, et avec l'impression de passer le seuil d'un oratoire, elle entra.

"Je sais à quoi on pourrait s'attendre en pénétrant ce genre d'antre : Une chambre stérile, un cocon de solitude et de propreté, un sanctuaire de calme et de blanc.

Voilà ce que je perçus.

Stérile, oui elle l'était, au même titre que son bureau. Elle avait d'ailleurs la même odeur, à une nuance fleurie près, c'était un mélange de rose et de métal, de sucre et d'acide. Cette chambre était aussi blanche que son propriétaire, aussi contrastée que son esprit : malgré la pâleur de ses teintes, elle demeurait sombre et taciturne, à l'exception d'une pointe de lumière au niveau de la fenêtre devant laquelle le Docteur Elpida se tenait, obélisque d'ivoire sous les rayons du soleil. Le blanc grossit mais la mélancolie accable, et dans cette pièce aussi morne qu'éblouissante, jamais le Docteur Elpida ne m'avait semblé aussi frêle. J'étais consciente que ma vision était déformée par le mélange de désillusion, de résignation et d'espoir persistant qui continuait à me préoccuper : peut-on se fier à l'oeil d'une aveugle en devenir ? Il n'y avait qu'une chose que je savais être vraie et sincère : cet endroit n'était pas un sanctuaire, c'était une chapelle. Et je faisais face à la relique qu'elle abritait.
"

Au moment où Béa pensa ces mots, elle sut qu'ils seraient ceux qui viendraient noircir les pages de son carnet. La porte s'était fermée derrière elle, la laissant dans la brume de sa vision, à deviner la silhouette qui demeurait dos à elle. Ses doigts tapotèrent doucement la surface de la canne avant que d'une voix douce et maitrisée, elle déclare :

-Bonjour, Docteur Elpida. Merci de m'avoir conviée à vos appartements.

Et elle était sincère : c'était la seule chance qu'elle aurait de discuter avec lui. Le faire dans un lieu aussi privé et intime était comme voir l'homme ouvrir son cœur.

A supposer qu'il lui en reste un. Mais là se tenait tout le débat, n'est-ce pas ?


Codage par Libella sur Graphiorum


Dernière édition par Béatrice Dagmar le Sam 11 Jan - 13:05, édité 1 fois
Béatrice Dagmar
Image : I'm a terrible person, but i have good reason (ft. Edelweiss et Myosotis) XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Lucy VincentÉlectron libre
Sam 14 Déc - 19:53
Une semaine devait s’être passée depuis l’incident de la cour. Je voyais encore mon médecin se faire entraîner par les gardes au loin.

Au final je ne l’avais plus revu, car ce n’était pas sa frêle silhouette que j’avais rejointe lors de ma séance de soin. Comme pour mon infirmier j’avais fait face à un remplaçant. Heureusement cette fois je le connaissais. Ange Barrabil.

L’institut me semblait presque étranger, tout autour de moi changeait. D’abord l’infirmier en rémission puis mon médecin, était-ce moi qui au final les rendais à bout?

Je finissais un rapide ménage de ma chambre quand un surveillant cogna à ma porte.

La phrase réchauffa mon humeur maussade. S’il pouvait me voir il y avait peut-être un léger mieux?

Habituée aux surveillants qui gardaient leur distance avec moi je ne me formalisais aucunement de l’attitude de celui-ci. Je le suivis sans attendre.

C’est avec le bout des doigts refroidis par la température que je pénétrais dans le bâtiment du personnel, il y avait bien longtemps que j’avais cessé mes visites ici.

Fébrile à l’idée de ce qui allait se passer je remarquais à peine une tête verte les bras chargés de sceau nous contourner, le surveillant et moi, dans l’escalier.

Trois coups à la porte, puis le surveillant m’ouvre. J’avance la porte se referme sur moi.

Le décor me semblait en accord avec l’homme que je connaissais, un regard sur le lit me fit repasser mon uniforme du plat de la main, pas de plis.

Puis je le vis d’abord lui de dos, devant la fenêtre et ensuite une jeune fille aperçut quelques mois plus tôt, la nouvelle patiente du Docteur. Mon coeur se serra, la dernière rencontre avec Donatien et un autre patient, Nev, c’était mal terminé. Que se passerait-il cette fois?

Décidée à ne pas rester inerte comme la dernière fois je m’avançais d’un pas.

Bonjour Docteur, puis me tournant vers la jeune femme, bonjour mademoiselle…

Un autre pas dans la direction de l’homme avant de demander;

Monsieur, est-ce que votre main est guérie, avez-vous encore mal?

J’avais essayé d’interroger les infirmières et les autres surveillants, mais on m’avait fais comprendre que cela ne me concernait pas.
Lucy Vincent
Image : I'm a terrible person, but i have good reason (ft. Edelweiss et Myosotis) C7779210Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
Groupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 20/02/2018Age : 25
Docteur ElpidaChef de la Famille
Mar 24 Déc - 15:17
I'm a terrible person, but i have good reason



Un son sec se répéta dans la pièce, avec un rythme bien précis. Donatien avait appris à reconnaître ce battement, son ouïe avait été conditionnée, et voilà qu'il se retrouvait à éprouver de la synesthésie. En effet, dès qu'il entendait une canne tapoter un plancher, le visage paisible de Myosotis apparaissait devant Donatien. Même si la brune n'était pas face à lui, il n'avait aucun mal à identifier les contours de son visage, la clarté de peau, l'ondulation de ses mèches. Alors qu'il entendait dans son dos le son du bois contre le bois, il savait que Myosotis venait d'arriver.
Il le savait aussi parce qu'il y avait son reflet dans la fenêtre à laquelle Donatien faisait face. Il grimaça de s'être fait ainsi gâché la surprise et tira les rideaux. Ses yeux tombèrent alors sur cette main fragile qui venait d'effectuer le mouvement, et plus particulièrement sur l'attelle qui la recouvrait. Il avait toujours détesté porter des habits, ayant l'impression de ne pas respecter la nature de l'humain, lui qui vient au monde nu, et se sentant prisonnier dans les cols serrés. Mais cette attelle, c'était une prison. De plus, une main était essentielle pour un Homme. L'handicap était lourd. C'était comme prouver physiquement que Donatien était moins habile, plus dépendant.

-Bonjour, Docteur Elpida. Merci de m'avoir conviée à vos appartements.

Il ferma les yeux, se laissant bercer par cette voix tant appréciée. Une voix claire qui prenait de la place dans cette chambre, parce que Donatien l'autorisait. Il laissa cette pièce qui n'avait pas l'habitude de visiteurs accueillir cette nouvelle personne, les souvenirs ancrés dans les meubles se faisant petit à petit à la nouvelle présence. Un renforcement dans le mur, lors d'une nuit agressive, se faisait timide en apercevant cette inconnue. Les rideaux qui avaient l'habitude de cacher cet endroit au reste du monde s'interrogeaient sur la façon de s'entretenir avec un bout de ce monde.
Donatien, lui aussi, ne savait pas quoi dire. Quoi faire. Il était vraiment démuni. L'attelle, il ne devait pas l'avoir au poignet mais au cœur.
Puis la porte s'ouvrit à nouveau. Il savait déjà qui allait se présenter. Il le savait parce qu'il l'avait conviée, mais aussi parce qu'il était habituée à la présence effacée de son Edelweiss. Il l'avait tant étudiée, sa fleur blanche, qu'il pouvait anticiper ses mouvements, ses propos, ses sourires et battements de cils. Il était son point de contrôle, son équilibre. Si Edelweiss lui échappait, alors il ne maîtrisait plus rien ni personne.

- Bonjour Docteur, bonjour mademoiselle…

Il sourit. Toujours aussi polie, la plus pure de ses fleurs.

- Monsieur, est-ce que votre main est guérie, avez-vous encore mal?

Il pivota enfin, affrontant ces deux cadeaux. Il espéra être tout de même présentable. Sans s'en rendre compte, il lissa sa chemise blanc cassé. Puis il fit signe à Edelweiss d'approcher et lorsqu'elle fut assez proche de lui, il leva lentement la main - celle qui n'était pas blessée - et la posa affectueusement sur le haut du crâne de sa patiente. A la manière d'un maître récompensant son animal, il lui caressa le cuir chevelu. Son visage affichait une expression si rare qu'elle déformait sa figure, il affichait un sourire tendre.

- Tu es patiente, Edelweiss, pas infirmière. La question c'est comment vous vous portez toutes les deux.

Il baissa son regard et son bras suivit le mouvement, ballant. Il avait l'impression d'être dans une pièce étrangère, ne sachant où s'asseoir, où poser son regard.

- Je ne suis plus votre médecin pour une durée indéterminée mais j'aimerai tout de même ... vous suivre un peu. Comment vous vous sentez après ces événements ...?

Il les regarda toutes les deux une à une, craignant pour la première fois de sa vie l'avis de personnes à son sujet.



Docteur Elpida
Image : I'm a terrible person, but i have good reason (ft. Edelweiss et Myosotis) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Sam 11 Jan - 13:11

Nébuleux

Le Docteur Elpida n'eut même pas le temps de réagir à l'arrivée de Béatrice qu'une autre personne entrait dans la pièce : une jeune fille, aussi blanche que le médecin au regard étroit de Béa. Il lui semblait l'avoir déjà aperçue, sans réellement faire attention à elle. Elle se mariait à la perfection avec le décor et son propriétaire, c'était une certitude.

-Bonjour Docteur, bonjour mademoiselle…les salua-t-elle, Béa haussant un sourcil à cette appellation. Monsieur, est-ce que votre main est guérie, avez-vous encore mal ?

Béatrice se demanda avec une pointe de perplexité si cette patiente, bien qu'elle ne semble pas avoir une grande différence d'âge avec elle, était en réalité bien plus jeune. Sa voix était en effet fluette, et elle semblait bien frêle en comparaison avec la corpulence de la nordique - cela dit, cela pouvait n'être qu'une conséquence de sa pathologie dont Béa ignorait tout jusque là.

Cela dit, ce qui préoccupait surtout Béa était la réfléxion qu'elle avait faite sur la main du Docteur Elpida. Elle avait entendu dire qu'il avait été malmené pendant l'incident, mais elle ignorait que cela avait eu de réelles répercussions physiques sur lui. Elle se mordit l'intérieur de la joue, tentant de réprimer la culpabilité qui picotait l'intérieur de sa gorge. Béa avait tellement été troublée par les exactions commises par son médecins qu'elle n'avait même pas songé qu'il avait pu lui aussi en souffrir. Cette patiente semblait bien plus au courant des faits qu'elle, peut-être avait-elle été présente ce jour là.

Ou peut-être avait-elle simplement plus d'empathie ?

Pendant ce chemin de pensée, le Docteur Elpida s'était retourné et s'était approché de ses patientes. Maintenant qu'il était plus proche, Béa pouvait effectivement distinguer qu'il portait une attelle - les dégâts devaient être conséquents. Avec une grande douceur, il vint poser sa main sur la tête de la blanche jeune fille, et Béa fut étonnée de le voir si tendre. D'ordinaire, elle n'avait eu l'occasion que de lui voir aborder une grande professionnalité en sa présence, à l'exception de ses questions très personnelles. Cela ne la surprenait pas qu'il soit si attentionné, elle lui avait déjà deviné cette qualité, mais elle l'ignorait si démonstratif. Peut-être évitait-il simplement ce genre de comportements parce qu'il connaissait l'haptophobie de sa patiente nordique ? Ou peut-être était-il très proche de son autre patiente. Néanmoins, devant cet élan de douceur, Béa ne put empêcher une pointe d'amertume de la traverser de part en part en songeant que sa pathologie la privait de ce genre de rapprochement. Ce n'était peut-être pas plus mal, si le Docteur Elpida était aussi terrible qu'on le disait - bien qu'à l'instant présent, il ressemblait plus à un père attendri qu'à un monstre cruel.

Tous ces "peut-être" commençaient à lui donner mal à la tête.

- Tu es patiente, Edelweiss, pas infirmière, la corrigea-t-il gentiment. La question c'est comment vous vous portez toutes les deux.

Baissant les yeux, il ajouta :

- Je ne suis plus votre médecin pour une durée indéterminée mais j'aimerai tout de même ... vous suivre un peu. Comment vous vous sentez après ces événements ...?

Cette fois, ses mots étaient destinés aux deux patientes. Béa jeta un regard vers la dénommée "Edelweiss" - elle était certaine qu'il ne s'agissait que d'un surnom floral, puisque le Docteur Elpida semblait très friand de ces derniers - pour essayer de deviner si elle souhaitait prendre la parole en premier puisque Béa elle-même n'était pas la plus bavarde des patientes. En l'absence de réaction, elle décida donc de rompre son coutumier Silence et de se montrer sincère. Comme en écho, ses doigts tapotèrent la surface de sa canne, signe de réflexion chez elle.

-Pour être honnête, Docteur, je dois admettre ne pas savoir quoi penser, admit-elle bien plus calmement que son esprit ne l'était en réalité. Je n'étais pas présente lors de l'incident, mais ce que j'en ai entendu est assez troublant.

C'était un euphémisme, évidemment, mais Béatrice ne voulait pas blesser un homme qui de toute évidence avait perdu tout soutien. De toute manière, cela ne servirait à rien de lui poser la question qui brûlait les lèvres des patients : "est-il aussi fou qu'il le semble ?", la caractéristique du fou étant d'être incapable de l'admettre. Par ailleurs, Béa ne voulait pas être aussi réductrice : elle voulait juste comprendre.

Elle continua, plus doucement :

-Le changement de médecin a été aussi soudain que brutal, et je n'ai reçu aucune explication ou nouvelles de vous depuis. Je commençais à m'inquiéter, en réalité.

Béa espérait que cela l'inciterait à en dire plus sans qu'elle n'ait à davantage développer. Elle porta ses yeux gris sur la main bandée du blanc médecin et ajouta avec regrets et embarras :

-Je n'étais même pas au courant que vous aviez été aussi blessé. J'espère que cela ne vous fait pas trop souffrir.

L'ancienne Béa, avant son accident et l'épanouissement de sa phobie, aurait eu le réflexe de poser sa main sur l'épaule de l'homme pour lui signifier sa sincérité, mais la nouvelle Béa n'en avait plus le luxe, ce simple contact l'horripilant grandement. Alors elle demeura immobile, ses mains sur sa canne, emmurée dans son propre corps et dans ses questionnements troublés. Seuls ses yeux, venant à nouveau se poser sur Edelweiss, vinrent lui signifier qu'elle lui laissait la parole si elle souhaitait la prendre.


Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : I'm a terrible person, but i have good reason (ft. Edelweiss et Myosotis) XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
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