Narcolepsie : accès pathologiques de sommeil, brusques et irrésistibles
Insomnie idiopathique chronique : une difficulté régulière d'endormissement ou de maintien du sommeil, malgré de bonnes conditions pour dormir ; trouble présent depuis l’enfance et sans raison psychologique ; plus de trois fois par semaine

Dans les faits, Kate est dans l’incapacité de dormir quand elle veut mais peut s’endormir brusquement. Il lui arrive parfois de s’effondrer totalement quand elle s’endort brusquement (cataplexie) mais, le plus souvent, elle reste dans la position où elle était. Elle peut aussi être victime de paralysies du sommeil pendant ces “siestes”. En contrepartie, il lui est impossible de dormir trop longtemps (jamais plus de 8h en tout et pas plus de 3h à la fois). Même si elle ne ressent pas sa fatigue, elle peut être sujet à des hallucinations (notamment au moment de dormir ou de se réveiller), des difficultés à se concentrer et se souvenir, des crises d'angoisse et de paranoïa, des risques accrus de dépression, de la maladresse, et tout ce qui arrive quand on est épuisé. Paradoxalement, elle a aussi des périodes d’hyperactivité, notamment après avoir dormi (volontairement ou non), ce qui entraîne d'encore plus grandes difficultés à s'endormir.

Kate a une apparence tout ce qu’il y a de plus classique. De taille et de poids moyens pour une adolescente (159 centimètres pour 48 kg), elle a une silhouette fine sans être maigre. Elle porte des vêtements assez classiques et sobres, très souvent décontractés (rien d’extraordinaire pour une jeune fille de 16 ans. Elle affectionne particulièrement les bottines à larges talons (elle en a une collection impressionnante) et les sweats. Chaque oreille est percée de deux anneaux argentés.
La première chose que l’on remarque, ce sont ses cheveux dorés. Une longue et lisse chevelure blonde qui arrive juste en-dessous de ses omoplates. Comme ils sont fins, elle les laisse rarement libres sinon ils s’emmêlent trop ; du coup elle les relève en demi-queue de cheval, seules deux mèches encadrent son visage. Visage qui porte encore les marques de l’enfance et déjà celles de l’adulte. Si, depuis son arrivée, il s’est affiné, ses joues sont encore un peu rondes et quand elle rit, son nez en trompette se retrousse légèrement et une fossette unique creuse sa joue droite, étirant ses fines lèvres rosées. Ses traits sont surmontés d’un regard bleu très clair, presque cristallin, tirant parfois sur le gris en fonction de la luminosité.

Kate est un petit soleil. Toujours enjouée et parfois excessive. Malgré sa pathologie, on la compare souvent à une pile électrique, elle peut même être euphorique quand elle vient de dormir. L’immense majorité du temps souriante, ses émotions peuvent cependant être extrêmes : elle est littéralement capable de passer du rire aux larmes, en passant par une colère noire (heureusement, sa fureur ne dure jamais très longtemps). A cause de cela, elle paraît instable et pas toujours digne de confiance.

Pourtant, la jeune fille est amicale et vraiment loyale et franche (parfois trop). Altruiste, elle fera tout pour aider d'abord ses proches mais aussi tous ceux qu’elle rencontre, même si des bourdes freinent souvent le soutien qu’elle apporte. D'ailleurs, elle fait souvent passer les autres avant elle et prend beaucoup trop d'engagement au vu de ses capacités et de son énergie (même si elle ne l'admettra jamais) Elle est très simple à approcher et toujours encline à une longue conversation qui part dans tous les sens mais gagner sa confiance est plus difficile. Pas qu’elle soit méfiante, non, mais ses maladies entraînent parfois de fortes crises d’angoisse et de paranoïa, ainsi que des difficultés à créer des souvenirs. Elle a alors du mal à reconnaître les gens. Ses maladresses et trous de mémoire ont beaucoup froissés ses interlocuteurs mais, en général, ils sont rapidement oubliés face à ses sourires éclatants.

Curieuse, elle s’intéresse à beaucoup de sujets très variés, et surtout aux petits détails car ils l’aide à se concentrer et à retenir. Envers les autres, quelque soit leur statut ou leur faction, elle est extravertie et aura toujours un sujet de conversation avec elle.

AVANT

Ses parents étaient ensemble depuis quelques années déjà quand ils ont décidé de se marier et d'avoir un enfant. Cependant, ils n'avaient appris la grossesse qu'après leur arrivée à Saginaw, sur les berges du lac Huron au Michigan, pour des raisons d'affaires. C'est pour cela qu'elle a la double nationalité : française par le sang, américaine par le sol. Fille unique, elle avait une vie banale certes mais qui convenait à tout le monde. Ses capacités à rapidement comprendre et retenir faisaient d'elle une bonne élève, pas jusqu'à être excellente. Pourtant elle avait déjà quelques problèmes de sommeil et était régulièrement la cible de remontrances car elle finissait ses nuits en cours. Une professeure avait finalement décidé d'avertir les parents, en leur conseillant de vérifier s'il n'y avait pas une insomnie derrière ses siestes impromptues. Effectivement, on lui diagnostiqua une insomnie idiopathique chronique : présente à un jeune âge et sans raisons particulières, comme le stress. Pensant que c"était dû à un trop-plein d'énergie, ses parents l'ont inscrite à un grand nombre d'activités extrascolaires. Ses préférées étaient la natation et l'équitation. Elle avait aussi fait un peu de danse, puis de chant et des cours de langues étrangères supplémentaires. Tous les soirs elle avait des cours ailleurs qu'à l'école. Pendant un an, le problème avait semblé réglé mais le rythme de sommeil de Kate s'est a nouveau décalé, avec beaucoup plus d'intensité cette fois-ci. Ainsi, elle commença à prendre des somnifères dès ses 11 ans, à l'entrée du collège.

La solution n'a en réalité apporté que des soucis supplémentaires, aggravant la fréquence et la durée de ses insomnies et donc de ses siestes. Elle profitait de son incapacité à dormir la nuit pour travailler seule ses cours ou continuer à apprendre d'autres langues, en priorité le russe et le grec, qui la fascinaient. Ses troubles étaient cependant devenus trop importants, au point de la mettre en danger. Deux évènements majeurs ont marqué la famille. Elle avait lutté toute la matinée contre le sommeil, ayant une compétition de sauts d'obstacle l'après-midi même. La fatigue avait cependant été trop forte et Kate s'était endormie sur le dos de son cheval avant son passage, avec une crise de cataplexie (perte du tonus musculaire). Elle s'était donc effondrée sur le sol. De la même manière, elle avait failli se noyer lors de vacances à la mer, Morphée survenant alors qu'elle nageait. Heureusement, elle n'était pas loin du bord et son père avait rapidement réagi. Ses parents avait donc choisi d'arrêter toute activité en dehors de l'éducation, à cause des risques trop importants en cas d'inconscience, et de stopper la prise de somnifères, qui n'arrangeait donc rien.

A la fin de la même année scolaire, la famille repartait en Europe. Kate avait 12 ans et ses parents voulaient se rapprocher de spécialistes et soigner leur fille sans les frais extravagants des Etats-Unis. Le test de polysomnographie confirmait l'insomnie mais ajoutait une narcolepsie de type 1. On lui a alors prescrit du Modiodal mais  ce médicament a aggravé le risque de dépression, alors que Kate en montrait déjà des symptômes épisodiquement. L'arrêt de ce traitement a été décidé après un an, alors que l'épisode de dépression aurait pu être tragique justement. Dépourvus et un peu désespérés des médicaments, ses parents s'étaient tournés vers la médecine "douce" (homéopathie, tisanes, acuponcture) voire vers l'ésotérisme (lithothérapie, hypnose, magnétisme). Evidemment, rien n'était vraiment efficace mais Kate y a gagné une certaine forme de superstition et porte toujours un collier en lépidolite, une pierre un peu violacée, ou de calcite bleue. On leur a bien proposé la solution du Ritaline mais ses parents avaient toujours refusé, car il est certes bien plus efficace mais aussi beaucoup plus risqué (notamment pour la dépression ou les crises d'angoisses). Le médecin de l'époque leur parla alors de l'Institut Espoir, où fut envoyé Kate l'année de ses 14 ans, en automne 2018.


A L'INSTITUT

Plus les années avaient défilé, plus Kate désapprouvait les agissements de l'Institut. Comme un certain nombre, elle avait lu le Journal Clandestin, était au courant de la mort de Loreleï et avait été scandalisée par les différentes punitions puis agacée par le durcissement des règles. Ce dernier point ne changeait pourtant pas grand chose à sa vie, animée de son propre rythme, celui des insomnies et des pertes de conscience. A cause de sa pathologie, elle ne travaillait pas dans la forêt mais, en contrepartie, elle était dans l'incapacité de participer à la Révolution. Pour son plus grand malheur, car elle aurait bien voulu. Sociable, elle parlait avec beaucoup de monde mais n'avait pas vraiment d'attache plus forte, Ses trous de mémoire lui jouant régulièrement de mauvais tours et vexant ses interlocuteurs. Et la différence de traitement à cause de ses troubles du sommeil n'aidait pas à ce qu'on la considère positivement ou comme une partisane de la Révolution. En effet, en plus de ne pas travailler à l'extérieur, elle avait eu le droit à un téléphone où seul Spotify (premium, pour le hors ligne) était disponible et des écouteurs, la musique servant au moins à la reposer un peu quand elle ne dormait pas.

Cette nuit-là, Kate avait eu encore plus de mal à s'endormir. Simple coïncidence ou pressentiment ? Ecouteurs vissés dans les oreilles, allongée dans le noir, c'était une nuit normale jusqu'à l'apparition de lueurs orangées. Et jusqu'aux bruits de pas pressés dans le couloir et aux coups fortement répétés sur sa porte de chambre. Après de très courtes explications et avoir entendu les haut-parleurs, l'adolescente avait fourré quelques livres, ses sweats et deux jeans dans un sac. Elle avait chaussé ses bottines favorites (des noires, avec un haut talon et une semelle un peu compensée), son sweat préféré (bordeaux avec une tête de chat blanche) par-dessus son pyjama constitué d'une brassière et d'un jogging gris et avait quitté l'aile en proie aux flammes. Une fois dehors, une vague de fatigue la saisit, accentuée par le stress et elle s'effondra sur ses propres affaires. Kate ne se réveilla que dans le bunker, sans comprendre ce qui s'était passé. Tout ce qu'elle réussit à comprendre, c'était qu'un vigile l'avait portée jusqu'au refuge.

APRES

Le choix de faction avait été facile. Elle avait trop peur de Donatien pour être dans la Famille et, de toute façon, elle n'était pas une de ses patientes. Pourtant, elle aurait pu, si elle avait bien compris Lucy avait une pathologie similaire. Elle ne voulait pas retrouver la privation de liberté d'un nouvel Institut et le duo Graham - Amalia n'était pas connu pour sa douceur, alors cette possibilité avait été écartée. Bien qu'intéressante pour les soins. A cause de ce fort besoin de précautions, les Electrons libres était une idée suicidaire. Alors il ne lui restait que le Village, qui l'avait acceptée heureusement, malgré son inutilité. Elle ne pouvait même pas être veilleuse de nuit car sa narcolepsie pouvait survenir à tout moment ! De temps en temps, elle donne un coup de main où il y a besoin, pour de petites tâches. Mais sa condition ne lui permet pas de faire davantage et cela la mine profondément.