Syndrome de Capgras : Ce symdrome, aussi appelé « Illusion des sosies », est un trouble psychiatrique dans lequel le patient est persuadé que ses proches ne sont pas réellement ses proches, mais plutôt des sosies parfaitement ressemblants. En se retrouvant face à eux, le malade déclare que ceux-ci ont été remplacés à des fins malveillantes, entrainant parfois des réactions violentes et vives. Ces illusions prennent effet seulement lorsque le patient voit le visage d'un proche qu'il aime profondément ou auquel il a un lien fort.. Lorsque ce proche lui téléphone, par exemple, le patient ne voyant pas son visage, il n'a aucun symptômes.

Avant de devenir l’Eden que je côtoie aujourd’hui, elle était joueuse, et si souriante… Je n’arrive pas à croire qu’elle soit devenue ainsi après l’accident. Je suis persuadée que les médecins savaient et ne nous ont pas tout dit concernant son état. Ils ont seulement parlé de séquelles mais… pas que cela la changerait complètement ! Je ne reconnais plus ma fille… Elle est…si distante, si méfiante. Elle ne me parle plus. Les rares fois où elle m’adresse la parole c’est pour me lancer des pics cyniques, froides et insolentes…

Elle est toujours aussi directe mais ce n’est plus pour parler d’elle et de ses amours. Elle ne partage plus rien, se fait encore plus discrète qu’elle ne l’était. Elle est, à présent, un vrai mystère pour moi. Je ne sais plus comment la gérer. C’est une vraie énigme. J’ai l’impression qu’elle me ment constamment. Est-ce seulement parce que c’est moi ou, ment-elle aussi aux autres ? Je ne saurais le dire… Elle se rebelle, reste seule et se renferme sur elle-même… elle était déjà têtue avant mais… elle s’entête à croire que je ne suis pas sa mère…Et ça me brise le cœur… quoique je dise, quoique je fasse, ça ne suffit pas à la convaincre… Elle s’arme d’ironie et s’impatiente rapidement. Je n’y arrive plus.

Mais je sais qu’au fond, elle reste un peu la Eden que je connais. Je sais que sa gentillesse naturelle est là. Elle ne l’est plus avec moi, c’est aussi simple que ça... Mais…Si on voit les choses de son point de vue, pourquoi serait-elle gentille avec quelqu’un qui a pris la place de sa mère, sans qu’elle le veuille ? C’est ironique quand on pense que je ne suis que sa mère adoptive… Mais cette jeune femme est intelligente et a toujours été très attentive. Je sais qu’elle fait toujours attention à ceux qui l’entoure, qu’elle les protège et les rassure. C’est instinctif chez elle. Elle est la confidente de nombreuses personnes alors, je ne suis pas la seule à être touchée par son changement… J’en suis persuadée… Et j’ai l’impression de ne pas faire ma mission jusqu’au bout en vous la confiant mais… Je ne sais pas comment faire autrement…

Enfin, je m’égare… Elle…Elle est très intelligente et s’adapte à toutes les situations. Elle est curieuse et adore explorer de nouveaux endroits, et emporte toujours son appareil photo dans ses aventures. J’espère que vous lui laisserez son appareil…elle y tient beaucoup… Elle est si courageuse. Elle n’a peur de rien et est pleine d’audace ! Avec son père, on la voyait souvent partir dans l’escalade de rochers impressionnants pour avoir LA photo parfaite. On pourrait croire qu’elle agit avant de réfléchir, mais c’est totalement faux, elle passait de longues minutes à observer le rocher pour atteindre son objectif de la meilleure manière possible, et se lançait qu’une fois toutes les étapes déterminées.

Même après l’accident, elle n’a montré aucun signe de traumatisme ! Elle est incroyable. Son seul traumatisme, c’est ce syndrome dont m’a parlé le psychiatre… Elle est restée cultivée, créative et ça me fait énormément de peine de voir qu’elle ne va pas bien… Elle avait un avenir si prometteur… Mais c’est une belle jeune femme avec un vrai sens de la justice. Elle est passionnée, romantique et un peu pudique avec ses sentiments et son corps.

Enfin…j’espère que vous pourrez l’aider… Je m’en veux un peu d’en arriver là mais…je suis seule maintenant et j’ai peur que cette histoire dégénère… S’il vous plait…Aidez-là. Vous êtes mon dernier espoir.

Eden est non-binaire. (En anglais, ses pronoms sont « they/them » bien sûr, mais en français on le traduira plutôt par « elle ».) On le remarque que très peu, mais elle fait en sorte de n’être ni féminine, ni masculine. Elle ne veut être ni l’un, ni l’autre, son visage androgyne devenant donc sa fierté. Mais elle se débrouille aussi pour montrer son genre via sa manière de s’habiller. Elle porte des vêtements larges, sombres, et confortables, pouvant être porté à la fois par des femmes et par des hommes. C’est un look discret qui transparait bien sa personnalité distante. N’espérez jamais la voir en jupe ou en robe, cela n’arrivera pas. Si elle porte ce genre de vêtements, c’est principalement pour cacher le corps qu’elle possède.

Elle est de taille moyenne et mince, sa poitrine est discrète mais cela ne l’empêche pas de la bander tous les matins pour la cacher. Tout ce qui pourrait donner des indices sur son sexe biologique doit disparaitre pour ne pas être mégenrée, elle complexe beaucoup dessus. Elle ne prend donc pas spécialement soin d’elle et de son physique. Elle ne se maquille pas et ne fait pas de soins, elle estime ne pas en avoir besoin. Elle est donc très discrète, et donne l’impression d’une certaine maturité. Elle ne parle pas beaucoup et montre rarement ses sentiments et ses émotions, mais lorsque c’est le cas, on remarque une voix medium, ni trop grave, ni trop aigüe, très agréable à entendre.

Ayant été adoptée, elle a un physique qui se différencie beaucoup de sa famille. Elle ne ressemble à personne. La première différence notable sont ses cheveux de feu. Ils sont roux, fins et raides, cassants et constamment décoiffés. Sa mère adoptive les aime beaucoup. Cependant, son seul regret est la coupe qu’elle s’est donnée. Court à l’arrière et long à l’avant. Cela lui permet d’avoir les deux longueurs et, donc de, en fonction de son humeur, changer de sexe en les lâchant ou en les attachant.

Eden a un visage en cœur avec des traits fins, à la fois masculins et féminin. Son nez est petit et droit, ses lèvres fines, et les rares fois où elle sourit, elle fait découvrir un beau sourire avec de belles dents, bien rangées. Ses prunelles sont vertes et son regard, profond, le rendant perçant et intimidant. Elle ne parle plus vraiment, et ses yeux renforcent ce côté mystérieux qu’elle a. Ils sont en amande et bordés de cils roux. Elle a l’allure typique des Irlandaises avec cette peau blanche et douce, presque translucide, qui reste très sensible au soleil. Mais contrairement à la plupart des personnes rousses, elle n’a ni grain de beauté, ni taches de rousseur.

Je ne vois pas l’intérêt de raconter ma vie. Je ne vois pas en quoi ça vous intéresserait. Mais si vous insistez… Je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? En tout cas, vous avez de la chance, je me souviens d’à peu près tout. Enfin, je vais juste parler des détails importants quoi. Le reste ne vous concerne pas.

Déjà, j’ai été adoptée. C’est un peu LE truc de ouf quand tu as une vie banale, hein ? Mais dans mon cas…c’est plutôt ça qui est banal. Je n’en ai pas fait un drame. Mes parents n’ont jamais cherché à me le cacher. Ils me l’ont dit assez rapidement. Ils ont simplement attendu que je sois en âge de comprendre, vers mes 11 ans donc. Ma mère m’a expliqué qu’elle est stérile et que l’adoption était leur seul espoir d’avoir un gosse. Alors ils sont partis en Irlande et m’ont choisie. C’est aussi simple que ça. Bon, je vous épargne toute la paperasse… Mais j’avais à peine quelques mois et on n’avait aucune info sur mes parents biologiques. Et honnêtement, je m’en bats les couilles. Ils n’ont pas voulu de moi ? Et bien je ne veux pas d’eux. Donnant, donnant.

Donc, irlandaise de sang, mais américaine de nationalité et de cœur. J’ai été élevée en tant qu’enfant unique dans une famille américaine aisée. J’étais aimée, choyée, la vie banale donc je vous parlais quoi. J’avais des notes correctes, j’étais fan de photographie et de musique. Ma particularité était le fait que je suis non-binaire. C’est assez rapidement, quand j’avais 15 ans, que je me suis rendu compte qu’être une fille ou un garçon ne me convenait pas. Je ne suis ni l’un, ni l’autre. Je suis neutre. Alors je me suis coupé les cheveux, j’ai commencé à m’habiller de manière neutre. Mes parents m’ont accepté comme j’étais. Alors j’ai pu être moi-même sans me soucier de ce que pensaient les autres. J’étais souriante, bavarde, énergique, heureuse... Ouais. C’est étonnant, hein ? On ne me qualifierait pas de ça aujourd’hui. Pourquoi ? C’est assez simple. La vie banale a basculé. Il a suffi d’un accident. D’un simple accident pour que plus rien ne soit pareil. Et je me souviens de chaque foutu détail…

On était partis en voiture pour faire des courses. J’avais 17 ans. Rien de spécial jusque-là. Mais notre excursion a rapidement coupé court… Vous voyez les cons qui ont, soit la mémoire courte, soit pas du tout envie de respecter des règles qui leur éviteraient d’avoir des morts sur la conscience ? Et bien on a eu affaire à l’un d’eux… Un mec qui n’a pas compris que « rouge », ça veut dire « s’arrêter »… Il est arrivé par la gauche… Prenant la vie de mon père, et nous laissant, ma mère et moi, inconscientes, dans la voiture en plein milieu du carrefour.

Je me souviendrais toujours de cet épisode. Mon père qui s’avance après que le feu soit passé au vert, la voiture, à ma gauche, qui arrive beaucoup trop vite et qui s’approche dangereusement de notre voiture, côté conducteur. J’étais assise derrière, du côté passager, j’ai donc eu le temps de la voir enfoncer les deux portières, frappant mon père de plein fouet. Ma mère a fini assommée par l’airbag, et moi, assommée par le siège avant, que je me suis prise dans la tête. C’était si rapide, et pourtant si lent. Quand je me suis réveillée, j’étais à l’hôpital.

On m’a raconté que j’avais fait un accident vasculaire cérébral, que le médecin m’avait opéré sans soucis mais que j’allais avoir des séquelles. Mais quels séquelles…? C’est un peu plus tard qu’on s’en est rendu compte quand j’ai revu ma « mère » pour la première fois depuis l’accident. Elle allait bien, elle s’en sortait avec de simples égratignures, si ce n’était son cœur brisé par la perte de mon père… Mais quelque chose avait changé chez elle. C’était ma mère dans le sens où je la reconnaissais mais…ce n’était pas elle. C’était quelqu’un d’autre.

C’est au bout de quelques semaines de surveillance médicale que j’ai pu sortir. Je voulais rentrer chez moi. J’en avais assez de leur bouffe dégueulasse, des lits blancs et de l’odeur de désinfectant. Avec « maman », on s’est occupée des pompes funèbres pour organiser l’enterrement de mon père. Mais depuis l’accident, je restais silencieuse, méfiante. Je devais vivre avec une femme qui ressemblait parfaitement à ma mère, mais qui ne l’était pas. Je me suis posée énormément de questions. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Ma vraie mère était-elle morte et remplacée par ce sosie ? Où était ma mère ? Allait-elle bien ? Est-ce les médecins qui ont placé cette personne ici ? Est-ce une expérience pour les gens qui ont perdu leurs proches ? Je ne comprenais pas et je ne comprends toujours pas.

Peu à peu, mes amis aussi ont été remplacés. Toutes les personnes que j’aimais profondément ont disparu pour laisser place à ces clones de malheur. Je perdais mes marques. Je me perdais dans le silence de plus en plus. Je ne pouvais pas leur parler. Quand ma « mère » me demandait des choses, je l’observais avec méfiance et colère mais obéissait pour ne pas m’attirer de problèmes. Elle pensait que c’était ma crise d’adolescence, et je la laissais penser ce qu’elle voulait. Et on a continué ainsi pendant quelques années. Jusqu’à ce que je craque. À mes 20 ans. En revenant de la fac.

J’ai hurlé. C’est tout ce que je pouvais faire. Toutes les questions qui me hantaient, je les lui posais. Et voir l’incompréhension sur son visage ne faisait que m’énerver encore plus. Elle ne répondait pas à mes interrogations, continuait de dire que c’était vraiment elle avec une voix douce. Mais j’avais compris sa stratégie ! C’était pour me faire croire à ses mensonges. Je n’en pouvais plus, il fallait que je fasse quelque chose. Que je me m’enfuie, que je parte à la recherche de ma vraie mère. J’en avais assez d’entendre l’imposteur me dire qu’elle était ma mère. Et plus elle me donnait des détails sur notre vie, des détails que seule ma vraie mère connait pour me « prouver » ses dires, plus je paniquais. Ce n’était pas possible.

Puis, avant que je puisse m’échapper, elle m’a emmené voir un psy. Selon elle, j’étais devenue folle. Mais bien sûr, c’est moi le problème. C’est plus simple de remettre la faute sur les autres… Je la détestais et je la déteste encore. C’est une imposture, rien de plus. Après de nombreuses séances sans grand succès, on m’a envoyé voir un psychiatre. Personne ne me croyait. Tout le monde croyait ma « mère ». J’étais seule contre le monde entier. Alors j’ai fini par vraiment me taire. Si je suis seule, alors je me débrouillerais seule. Je n’ai besoin de personne. Plus le temps passait, plus le sosie de ma mère n’arrivait plus à me gérer. Passé mes 21 ans, elle a décidé de m’envoyer dans un institut qui pourrait me « guérir », l’Institut Espoir. Et c’est comme ça que j’ai mis les pieds ici. Au moins… je n’aurais plus affaire à ces doubles maléfiques.